L’ÉLAN EUROPÉEN DE MACRON ÉTOUFFÉ DANS L'OEUF, par François Leclerc

Billet invité.

La prédiction est sans risque, la montagne va accoucher d’une souris. L’Europe « refondée » annoncée par Emmanuel Macron va se résumer à ce qu’Angela Merkel lui concédera pour qu’il ne perde pas la face, tout en s’inscrivant dans la stricte continuité de sa politique. Il ne reste plus qu’à négocier l’ajustement et l’habillage.

Le président français se paye une fois de plus de mots, se prétendant à l’« avant-garde » d’une Europe « à plusieurs formats ». Mais à quoi vont concrètement aboutir la douzaine de propositions qu’il dévoilera quand Angela Merkel aura été reconduite dans ses fonctions de chancelière ? Comment vont-elles traduire le « renforcement de la convergence économique et monétaire, et la convergence de nos politiques fiscales et sociales » ?

Ne pouvant espérer la création d’un parlement de la zone euro adoptant un budget de la zone euro, ainsi que le financement d’un programme d’investissement résultant de l’émission d’obligations européennes, Emmanuel Macron va devoir se contenter de mesures à portée plus limitée. Pour étoffer, il va poursuivre ce qui était engagé en faveur de la défense commune et en y ajoutant de nouvelles dispositions sur l’énergie.

Angela Merkel lui a donné la réplique le jour même. Elle a soutenu sans restriction la proposition de Wolfgang Schäuble de transformer le Mécanisme européen de stabilité (MES) en un FMI européen, l’assortissant de ce commentaire : avec ce fonds, « nous serons en mesure de montrer au monde que nous avons tous les mécanismes au sein de notre eurozone nous permettant de réagir aux situations inattendues ». Oublié, le troisième volet de l’Union bancaire qui supposait la mutualisation de la garantie des dépôts !

La chancelière a répété ne pas être contre l’instauration d’un ministre des finances – une des propositions phare du président français – « mais nous devons encore clarifier ce que pourrait faire ce ministre » a-t-elle ajouté. Elle n’est également pas contre la création d’un fonds d’investissement de la zone euro, à condition que sa dimension soit restreinte et qu’il dispose de « petites contributions et non de centaines de milliards d’euros »… Oubliée, la proposition d’Emmanuel Macron de financer par l’émission de titres de dette européenne un grand plan d’investissement destiné à relancer la croissance  !

Comme l’écrivait hier le Financial Times, « le plan d’Angela Merkel est moins ambitieux que celui du président français, mais même une modeste idée serait trop risquée pour elle. »